RENFORCEMENT DES ACTIVITES DE MARAICHAGE dans le village de Kembélé

Améliorer les conditions de vie des populations de Kembélé par le renforcement des activités de maraichage (Commune rurale de Diakon, Cercle de Bafoulabé)

I – Contexte du projet

1. Justification

Le village de Kembélé se situe dans la commune de Diakon, au nord du Cercle de Bafoulabé, en région de Kayes. La commune, composée de 17 villages, compte environ 34 000 habitants et enregistre un taux d’accroissement annuel moyen de 3,2%. La population est principalement soninké. L’économie locale repose essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, la cueillette et l’artisanat.

De nombreuses femmes du village pratiquent le maraîchage. Pour autant, la production ne permet pas d’améliorer le bol alimentaire et d’augmenter les quelques ressources qu’en tirent les maraichères. Les produits du maraichage compensent de moins en moins souvent les mauvaises récoltes. En 2017, la campagne agricole s’est avérée particulièrement mauvaise, du fait d’une installation tardive des pluies, de leur mauvaise répartition dans le temps et dans l’espace, de leur arrêt précoce, des attaques des insectes et oiseaux granivores. Les rendements sont très faibles et les prix des denrées alimentaires connaissent de fortes hausses.

Cette situation justifie d’autant plus l’importance de renforcer l’activité maraîchage, dont les effets à moyen/long terme permettront de réduire l’insécurité alimentaire dans le village.

2. Historique

Le village de Kembélé dispose de deux périmètres maraichers collectifs, dénommés « périmètre des femmes » et « GIE pomme de terre ». Pour répondre à la demande des exploitantes des deux périmètres maraîchers, d’améliorer les conditions d’exercice de ces activités, les ressortissants du village de Kembélé en France, ont souhaité s’adjoindre l’appui de l’association Essonne-Sahel, qui a une expérience dans l’aménagement et le renforcement de jardins maraichers dans cette zone depuis plus de 20 ans. Un diagnostic de l’état des lieux réalisé par des professionnels a permis de dégager les pistes d’amélioration possibles visant à renforcer la production maraichère dans les deux jardins.

Le diagnostic réalisé en janvier/février 2017 par l’agence Kared (statut d’ONG Malienne) de Nioro-du-Sahel a permis de :

– appréhender au mieux l’état des jardins maraîchers,

– collecter des informations sur l’état et les conditions d’exploitation des deux jardins maraîchers,

– dégager les contraintes, de tout ordre, liées à leur exploitation,

– collecter des données sur la production et la productivité des deux jardins (campagne 2015-2016),

– proposer des activités à réaliser pour améliorer la production.

Au cours de ce diagnostic, l’agence Kared a sensibilisé les acteurs locaux sur l’intérêt de leur structuration officielle. C’est ainsi que deux associations avec récépissé ont été créées :

– Associations des femmes de Kembélé,

– Association pour la promotion de la culture de la pomme de terre de Kembélé.

Au vu des résultats du diagnostic, notamment la possibilité à terme d’agrandissement du jardin des femmes et les contraintes d’un oued traversant le jardin GIE pomme de terre, les ressortissants ont fait le choix de renforcer le jardin des femmes en priorité.

Ce dernier rencontrait des difficultés d’exploitation liées à l’exiguïté des parcelles, l’utilisation de puisettes pour extraire l’eau des puits, la méconnaissance des bonnes pratiques agricoles améliorant le rendement des cultures et la clôture faite de haie morte ne pouvant empêcher la divagation des animaux causant de nombreux dégâts aux cultures.

II – Mise en oeuvre du projet

Le projet a été exécuté par l’ONG KARED sur sollicitation de l’association Essonne-Sahel et avec l’appui de l’association des ressortissants en France (APDK). Les activités ont été réalisées entre juillet et octobre 2018.

Evolution du projet

A la demande du village et à la suite d’importantes négociations avec les propriétaires des parcelles contigües, la superficie du jardin a été réévaluée à la hausse, portant sa superficie de 6 400 m² à 7 717 m² et le nombre de bénéficiaires de 140 à 220.

Ces modifications ont entrainé un démarrage tardif des travaux et ont eu un impact sur les coûts initialement prévus dans le devis d’origine (nombre de déplacements à Kembélé, longueur de la clôture, éloignement d’un bassin de puisage du puits). Un remaniement des prestations a été revu en accord avec Essonne-Sahel (diminution de la dotation en outillage).

1. Réalisation de la clôture

  • La clôture grillagée, d’une hauteur de 1,50 m, est constituée de poteaux en cornières distants de 3 m. Sa longueur est de 372 m au lieu des 320 m prévus, soit 52 m de plus.
  • Pour renforcer la clôture érigée en partie sur un sol de mauvaise configuration, 11 poteaux en béton armé ont été fixés aux angles et sur les parties menacées par les eaux de l’oued, soit 3 poteaux supplémentaires.
  • Dimension porte double battant : 2,20 m X 1,5 m
  • Forme de la parcelle : trapézoïdale

2. Installation des moyens de pompage

Chaque puits a été équipé de 2 panneaux solaires installés en série. Un bassin a été réalisé pour chacun des deux puits. Les dimensions des deux bassins sont identiques : 1,5 m x 3 m x 1 m soit une capacité de 4,5 m3. Dans chaque puits une pompe a été installée ; elle communique aux bassins par une tuyauterie enterrée.

Caractéristiques des matériels utilisés :

Panneaux solaires Pompes Réseau

Marque : Bosch

Puissance : 250 Wc

Tension : 36 v

Dimensions : 100X165

Marque : Vackson

Référence : vack 5c

Puissance : 120W

Tension : 36 V

Débit nominal : 25l/min

Tuyauterie : polyéthylène

Diamètre : 25

Longueur : 42m (40 + 12)

Vanne : aucune vanne

Comportements des puits

Remplissage

Caractéristiques 1er puits

Caractéristiques 2ème puits

 

Temps de remplissage

Niveau statique du puits

Hauteur de la colonne d’eau

Temps de remplissage

Niveau statique du puits

Hauteur de la colonne d’eau

 

1er remplissage

2h33 mn

(8h00 à 11h30)

1,10 m

3h18 mn

(8h00 à 11h18)

1,10 m

 

2ème remplissage

3h18 mn

(13h00 à 16h18)

1,20 m

3h20 mn

(13h00 à 16h20)

1,10 m

 

NOTA : Les pompes installées ont un débit équivalent au débit de venue d’eau dans les puits. Ceci permet de garder une hauteur d’eau stable et de ne pas tarir les puits, ce qui risquerait d’endommager les pompes. Le débit de remplissage est d’environ 1,5 m3/h par pompe, sur une durée de 9h cela donne pour chaque bassin 13,5m3 soit 27 m3 par jour pour les deux puits. Ce qui correspond au besoin moyen en arrosage classique (arrosoir, seau) pour une superficie de 7 700 m² dont 400 m2 non exploités (puits, allées, emplacement des panneaux…).

3. Mesures sociales d’accompagnement

a. Réalisation du parcellaire

Le parcellaire a été réalisé pour 224 femmes au lieu des 140 prévues. 224 parcelles de 25m2 au lieu de 140 parcelles d’au moins 50m2 ont été affectées par tirage au sort.

Le type de parcellaire a été accepté par le chef de village et ses conseillers ainsi que par les maraîchères elles-mêmes.

b. Formation sur les techniques du maraîchage

La formation s’est faite en deux temps :

  • Avant l’installation des cultures, 60 femmes ont été formées sur la confection des planches, l’installation, l’entretien et l’exploitation d’une pépinière ;
  • Des conseils sur les bonnes pratiques et les conditions d’utilisation des moyens de pompage et du système d’arrosage ont été donnés en présence de plus d’une centaine de femmes et d’hommes.

c. Dotation en petits matériels

En plus du petit outillage utilisé au cours de la formation et laissé à l’association (5 dabas, 10 binettes, 3 râteaux), cette dernière a reçu 30 arrosoirs pour arroser les pépinières collectives, 30 binettes et 2 brouettes.

4. Réception des travaux

La réception des travaux de réalisation et d’équipement du périmètre maraicher des femmes de Kembélé a eu lieu de 16 février 2019, en présence du directeur de l’ONG KARED et de son technicien-électricien, du représentant du chef de village et de la vice-présidente de l’association du jardin des Femmes de Kembélé.