Méthodologie generale

En 30 ans d’expériences en actions de développement dans les cercles de Nioro-du-Sahel et de Diéma, le réseau Essonne-Sahel a été confronté à des montages de projet de plus en plus complexes et mieux adaptés, tant sur le plan technique, financier, socio-économique qu’environnemental.
Pour répondre aux exigences de qualité et de pérennité des réalisations, chaque projet doit être conçu selon une approche systémique, qui nécessite de s’appuyer sur des méthodes et outils de conception et de suivi rigoureux.
A
cet effet, en se référant aux fondamentaux de la conduite de projet, Essonne-Sahel a conçu divers guides pour faciliter l’appropriation des phases d’un projet -de l’idée à la réalisation-, leurs points de vigilance et la compréhension du vocabulaire utilisé dans les appels à projets des bailleurs.

Un projet de développement c’est :

Un ensemble cohérent et organisé d’activités limitées dans le temps et l’espace qui nécessitent des moyens humains, financiers et matériels, pour améliorer la situation d’un groupe de personnes données.
Cela implique :
– des objectifs,
– des possibilités de faire (humaines, techniques, financières),
– des actions précises et coordonnées,
– des méthodes de pilotage,
– une évaluation des résultats.

Les étapes de la démarche projet :

La genèse d’un projet se trouve très souvent dans la demande exprimée par un·e ou des individus pour solutionner ou améliorer une problématique dans leurs activités ou leurs besoins. Pour que la réponse (le résultat attendu) soit la mieux adaptée, il est recommandé de suivre pas à pas ces différentes étapes.

1. IDENTIFICATION

Il est indispensable de vérifier que le projet correspond bien aux priorités locales établies dans le plan de développement économique, social et culturel (PDESC) de la commune.
→ Identifier les problèmes et les besoins en impliquant les populations locales : discussions, actions de sensibilisations, etc. Cette animation peut être faite par une visite de terrain si cela est possible ; sinon par une personne ressource.
→ Identifier les différents acteurs intervenant dans le projet et leur place les uns vis-à-vis des autres : les bénéficiaires directs (habitants, villageois, producteurs agricoles), les acteurs relais (diaspora, technicien, animateur local), le porteur du projet, l’association et les institutionnels.

Un manque de clarté dans les modalités partenariales peut créer des revendications tardives, des malentendus entre les acteurs et des blocages au moment de la mise en œuvre du projet.

La réalisation du diagnostic

Le diagnostic permet de recueillir et analyser des informations concernant une situation ou un territoire avant de proposer des améliorations concrètes. Le diagnostic est participatif, il associe les bénéficiaires et tous les acteurs impliqués dans le projet.
Il consiste à étudier les éléments de contexte sociologique, économique, géographique et institutionnel pour analyser les problèmes rencontrés, les enjeux, les atouts et contraintes, facteurs de réussite, etc.

Les questions essentielles pour identifier le problème / le besoin

QUOI ? Sur quoi porte le projet ? Quel en est l’objet ?
Quel est l’élément déclencheur ?
Que recherche-t-on ?
OÙ ? Dans quel lieu se pose le problème ?
Dans quel contexte ?
Est-il inscrit au PDESC ?
QUI ? De qui émane le projet ?
Quels sont les acteurs impliqués dans le projet ?
POUR QUI ? Pour quels bénéficiaires directs ?
Pour satisfaire quel besoin ?
Quels effets concrets sont attendus par les bénéficiaires ?
POURQUOI ? Quel est le problème à résoudre ? Quels en sont les causes ?
Les conséquences ?
En quoi est-il prioritaire ?
QUAND ? Quels délais, durée, périodicité, sont envisagés ?
COMMENT ? Quelles sont les solutions envisagées ?
Quels moyens à mobiliser ? Financiers, matériels et humains ?
De quelles ressources dispose-t-on ?
Avec quels partenaires ?
Quels sont les freins ?


2. CONCEPTION

Déterminer les objectifs du projet :
L’objectif global : c’est une amélioration globale de la situation. Il s’inscrit souvent dans une politique nationale ou locale. On ne peut pas le mesurer.
L’objectif spécifique : c’est l’amélioration concrète qui sera atteinte grâce au projet. C’est un résultat précis que l’on s’engage à atteindre dans un délai, avec des moyens donnés, ce qui le différencie de l’objectif global.

Proposer des solutions et choisir celles qui sont le plus adaptées au contexte local et à leur faisabilité, en se gardant d’apporter une solution « toute faite ». Faire une étude de faisabilité.

Une étude de faisabilité, pour quoi faire ?

Un bureau d’étude analyse la faisabilité socio-économique et technique des solutions possibles et réalistes répondant aux objectifs du projet. Il décrit les options techniques envisageables et estime si elles sont réalisables socialement et économiquement et si elles sont adaptées aux conditions locales.
Cette étude doit aussi recenser les besoins en information, sensibilisation et formation de tous les acteurs du projet et proposer les actions à réaliser pour assurer la pérennité de la réalisation.

3. MONTAGE DU PROJET

a. Planification du projet

Il s’agit ici d’organiser le projet de manière concrète et cohérente.
Cette phase peut donner lieu à des aller et retour et réajustements des solutions : elle est le moment de vérifier la pertinence, la faisabilité, la cohérence entre les objectifs, les résultats attendus, les activités et moyens mis en œuvre.

Zoomer

*Les Indicateurs Objectivement Vérifiables (IOV) permettent de mesurer de façon objective et vérifiable le résultat et prouver que ce résultat a été obtenu. Ils évaluent la progression du projet.
Un indicateur peut être quantitatif (un chiffre) ou qualitatif (un état).

A ce stade, il peut être pertinent d’utiliser la méthodologie du « cadre logique ».

Le cadre logique est un outil structurant du projet, exigé par certains bailleurs et gage d’un projet logique et cohérent. Il permet de comprendre ce qui est attendu tout en renseignant les informations clés d’un projet : objectifs (général et spécifiques), résultats, activités, indicateurs objectivement vérifiables, moyens, coûts, sources de vérification, hypothèses et conditions préalables.

Cadre logique, Aménagement hydroagricole de Kembé, E-S, 2012
Un exemple de cadre logique appliqué au cas de l’aménagement hydroagricole de Kembé.

b. Estimation des coûts et financements

A partir des coûts générés par les activités, construire le budget du projet avec ses financements.

Grille Excel, Construction du budget, E-S, 2020
Construction du budget, format PDF, E-S, 2020

c. Recherche des financements

La recherche de potentiels financeurs (publics ou privés) peut être réalisée tout au long de la conception et de la planification du projet. Les appels à projets édictent des conditions d’éligibilité propres aux programmes de chaque bailleur : il faudra vérifier si les objectifs du projet sont en adéquation avec ceux-ci, et adapter le calendrier du projet, sans en dénaturer les objectifs et la faisabilité temporelle, à celui des appels à projet.

Pour connaître les appels à projets, vous pouvez consulter le site https://www.coordinationsud.org/appels-doffres/, même si l’information donnée est souvent assez tardive.

FONDS PRIVES FONDS PUBLICS
  • Fonds propres (cotisations, dons…)
  • Association(s) partenaires
  • Fondation(s) – Entreprises
  • Appels à projets privés (ex : Coallia) destinés aux OSIM (associations de migrants)
  • Prix et concours…
  • Collectivités locales : communes, départements, régions…
  • Appels à projets publics destinés aux OSIM
  • Ministères (MEAE), ambassades (SCAC), AFD
  • Union européenne….

Pour obtenir des financements, il sera nécessaire de présenter le projet à l’écrit. Des documents type et des recommandations sont généralement mis à disposition par les financeurs dans les appels à projet.

Fiche projet type, E-S, 2020
Cette fiche propose un canevas ordonné des différentes rubriques à renseigner pour la présentation détaillée d’un projet à un bailleur.

4. MISE EN OEUVRE ET SUIVI DES ACTIVITES

Une fois tous les cofinancements nécessaires obtenus, si et seulement si, la mise en œuvre du projet peut commencer en lien avec les partenaires locaux.
Si la commune est propriétaire des ouvrages (maitre d’ouvrage), c’est elle qui doit assurer le suivi des travaux. Si elle n’est pas en capacité de le faire, elle peut recourir à un prestataire en appui à la maitrise d’ouvrage (AMO) ou pour assurer la maîtrise d’ouvrage déléguée (MOD).
Le suivi est un processus continu tout au long de la mise en œuvre du projet. Il consiste à suivre l’exécution des activités, identifier les difficultés éventuelles et réajuster les moyens et les activités pour obtenir les résultats attendus.
Il se matérialise par la tenue d’un tableau de bord des indicateurs et des comptes-rendus périodiques de suivi technique et financier.

Convention de MOD entre la commune de Lambidou et l’intercollectivité UCD-Benso, 2020

5. REDACTION DES RAPPORTS ET BILANS

Un compte-rendu technique et financier détaillé des activités réalisées est demandé par les financeurs à la fin du projet, pour percevoir la totalité des cofinancements sollicités.
Celui-ci doit comporter un rapport détaillé du déroulement du projet et de l’utilisation des fonds dédiés au projet, ainsi que toutes les pièces justificatives (contrats, factures acquittées, photos…).
Une vérification de la bonne gestion financière de la réalisation du projet peut également être diligentée par un co-financer.

6. EVALUATION

Certains partenaires financiers exigent une évaluation de la réalisation afin de vérifier si elle correspond bien aux objectifs définis au départ, de voir si l’ensemble des résultats sont atteints et de proposer, si besoin, des recommandations d’amélioration.
Il peut être aussi envisagé d’évaluer sur le moyen terme :
les impacts du projet sur le plan socio-économique,
– la capacité à gérer les équipements dans la durée, (la durabilité ),
– la conduite du projet en vue de la capitalisation d’expériences.

L’évaluation, E-S, 2020
Le document présente les différents types d’évaluation, les mesures et indicateurs, et les modalités de leur réalisation.

En résumé

Aide à la démarche projet pour la diaspora, E-S, 2020
Un guide succinct pas à pas, avec les recommandations sur les points incontournables à destination des associations de la diaspora

Aide à la gestion de projet, E-S, 2019
Tableau synthétique des étapes de la conduite de projet, des actions à conduire avec les pièces justificatives incontournables et les points de vigilance

Pour aller plus loin

► Guide méthodologique sur l’accès à l’eau potable, Direction Nationale de l’Hydraulique, Mali 2004
https://www.pseau.org/outils/ouvrages/guide_des_projets_dnh_mali_v14.pdf

Le document, est un peu daté pour certaines données, mais très utile pour les définitions, les rôles des différents acteurs, la démarche générale et les recommandations d’actualité.

► Guide pratique montage de projets GRDR 2012
http://grdr.org/Guide-Montage-de-Projets,710
Ce guide aborde les méthodes de conception et la gestion de projet. Il s’adresse aux acteurs désireux de monter un projet mais ne sachant pas toujours comment s’y prendre. Il vise à les aider dans leur cheminement progressif pour passer d’une idée à un projet concret, pertinent et réaliste.

► Guide facilité Codev
https://www.forim.net/sites/default/files/Cahier%20de%20proc%C3%A9dure%20facilite%20FIN.pdf
Un document très complet sur les exigences spécifiques d’un bailleur, mais qui peut être utile pour préciser le rôle des différents acteurs

 

On ne ramasse pas un caillou avec un seul doigt