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Aménager un périmètre maraicher

L’enquête d’évaluation des périmètres maraîchers réalisée en 2012 par Essonne- Sahel, a mis en évidence l’impact des programmes PAPVD (Programme d’appui aux projets villageois de développement) et PACEDEL (Programme d’appui aux communes et au développement local), portés et pilotés par E-S de 1998 à 2012.

Grâce aux différents aménagements, le développement du maraîchage a contribué à l’amélioration du bol alimentaire des familles et plus globalement à l’économie rurale.

Pourtant, sauf dans quelques lieux, il est fait état de problèmes récurrents de :

  • Disponibilité et accès à l’eau : nombre de jardins sont alimentés par des puisards ou des puits en mauvais état et sont abandonnés ; ailleurs, les débits sont limités et la saison culturale réduite à quelques mois,
  • Clôtures : des grillages en mauvais état complétés par des branchages sont souvent les seuls moyens de lutte contre la divagation des animaux,
  • Approvisionnement en semences : faute d’une organisation des achats, les coûts sont prohibitifs
  • Stockage et commercialisation 

Face à ces besoins, tout en s’appuyant sur les expériences passées et les organisations en place, la conception de nouveaux projets d’aménagement/réaménagement intègre aujourd’hui les fondamentaux de la conduite de projet et une approche systémique du périmètre maraîcher.

Celui-ci est considéré comme un agrosystème dans lequel les différentes composantes (ressources naturelles, réalités socio-économiques) et leurs interactions doivent être prises en compte, pour la réussite et la pérennité de l’exploitation.

Conduire un projet d’aménagement d’un périmètre maraîcher

  1. Réaliser un diagnostic global du village

Le diagnostic est un préalable à tout projet d’aménagement / réaménagement réussi et durable d’un périmètre maraîcher. Il porte sur toutes les dimensions hydrogéologiques, économiques et sociales, et leurs interactions au sein de l’agrosystème maraîchage.

Les points incontournables de faisabilité du projet :

  • Etat des lieux exhaustif des points d’eau (caractéristiques, fonctionnelles, utilisation), 
  • Agriculture et ressources alimentaires,
  • Santé et hygiène,
  • Education,
  • Economie (capacités d’approvisionnement, d’écoulement),
  • Faisabilité sociale. 

2. Vérifier la disponibilité de l’eau pour satisfaire le besoin d’arrosage

On évalue le besoin, pour un arrosage manuel, de 35 à 40 m3 par jour pour 1 hectare. Mais celui-ci peut-être plus important en fonction du nombre d’exploitant-e-s. La capacité du forage/puits doit être suffisante pour alimenter les bassins de puisage pour l’arrosage du matin.

Dans le cas de l’arrosage au goutte-à-goutte, en moyenne le besoin est divisé par trois ou quatre.

3. S’assurer du droit d’usage officiel du terrain

Le diagnostic doit avoir identifié la possibilité de disposer d’un terrain à proximité des habitations, c’est-à-dire à moins de 10 minutes de marche.

Pour assurer la pérennité de l’usage du terrain et de ses équipements, une attribution officielle est indispensable. Celle-ci relève de la compétence de la sous-préfecture si la superficie du périmètre maraîcher n’est pas supérieure à 1 ha. L’attribution du terrain est faite à la commune aux fins de périmètre maraîcher sans possibilité d’achat. Celui-ci est mis à disposition à l’association villageoise chargée de la gestion des équipements collectifs. Lorsqu’il n’y a pas d’attribution officielle, la parcelle est soumise aux règles du foncier traditionnel qui ne permet pas d’attribution définitive.

4. Etablir le parcellaire

Lorsque l’exploitation est individuelle, il est nécessaire d’établir un parcellaire. En considérant que les équipements, les allées, les haies vives occupent environ 15 % de la surface, un terrain de 1 ha peut être loti en parcelles de 60 à 70 m2, qui correspondent en théorie à 80 maraîchères. L’exploitation étant individuelle, l’attribution est faite par tirage au sort, comme à Lambangoumbou, où les maraîchères disposent d’une parcelle de 7,10 m x 9, 90 m soit 65,3m2. A l’usage, le nombre d’exploitant-e-s peut être bien supérieur.

5. Clôturer le terrain

Le terrain est clôturé par un grillage pour protéger les cultures de la divagation des animaux. La plantation d’une haie vive est vivement préconisée pour servir de coupe-vent, lutter contre l’érosion et l’évapotranspiration. Les essences sont choisies pour leur résistance à la sécheresse, leur croissance, leur efficacité dans la protection, la facilité d’entretien, et l’utilisation des feuilles et fruits dans de nombreux produits dérivés : l’acacia sénégal (le gommier), Le ziziphus mauritiana (jujubier), le prosopis spp, l’acacia seal ou acacia scorpoïdes, le zatropha curicas (pourghère).

6. Réaliser les équipements de pompage, de stockage et de puisage

Ces équipements doivent permettre aux exploitant-e-s de disposer de l’eau nécessaire au moment des arrosages quotidiens, de faciliter le travail de puisage, et cela le plus tard possible dans la saison sèche fraîche (avril).

  • Le pompage : de plus en plus, on a recours au forage avec pompage a énergie solaire qui alimente un bassin de stockage (20 m3 en béton armé, surélevé et couvert à Lambangoumbo, 2 bassins communiquant : 1 couvert + 1 à ciel ouvert à Awoïny)
  • La distribution dépend du mode d’arrosage :
      • En arrosage manuel des canalisations relient le bassin de stockage aux bassins de puisage, de dimension standardisée à 5 m3, répartis au plus près des parcelles
      • En arrosage au goutte-à-goutte, le bassin de stockage est surélevé pour donner de la pression dans les conduites (5m à Awoïny) qui quadrillent le périmètre et alimentent les lignes de goutteurs.

Le goutte-à-goutte permet de réduire le travail d’arrosage et le volume d’eau consommée, tout en prolongeant la saison culturale.

7. Accompagner les producteurs/productrices

Formation aux techniques de production : en plus des notions de base (compostage, semis, repiquage, lutte contre les ravageurs), insister sur la lutte contre le gaspillage de l’eau par l’utilisation de l’arrosoir et de la bonne quantité d’eau ; plantation et entretien des haies vives.

Appui à la dynamisation de la structure associative (gouvernance), organisation selon les compétences, responsabilités ;

Approvisionnement en semences : l’exemple des semences de pommes de terre est représentatif de la difficulté d’accès aux moyens d’approvisionnement (éloignement des zones de production et coûts élevés). Les producteurs ont le plus souvent recours à la technique des plants à partir de pommes de terre coupées, ce qui donne des rendements aléatoires. C’est ainsi que des maraîchers de la commune de Nioro-du-Sahel se sont lancé dans la production de semences, avec pour objectif de satisfaire la demande des périmètres maraîchers du cercle.   

8. Optimiser le calendrier cultural

Il y a encore quelques années, la saison du maraîchage commençait en octobre et se terminait en mars. Avec l’amélioration des techniques de maraîchage et l’accès à l’eau, la saison du maraîchage s’est largement étendue, pour aller dans certains cas jusqu’à l’année entière.

La prolongation du temps de maraîchage s’est faite grâce à :

  • L’amélioration des techniques d’arrosage avec l’arrosage localisé (le goutte-à-goutte). Ainsi, on peut poursuivre le maraîchage 3 mois après que le maximum de maraîchers a arrêté, en raison du manque d’eau et/ou de la chaleur élevée,
  • L’utilisation des variétés qui s’adaptent aux conditions de chaleur élevée (température qui s’élève jusqu’à 45° Celsius pendant en grande partie du cycle de la culture),
  • L’ensilage et le paillage pour réduire le taux d’évaporation, accentué par le vent chaud et sec des mois de mars, avril et mai. La clôture en haie vive plantée en quinconce, favorise aussi la création d’un micro-climat et protège du vent.
  • La diversification des spéculations (oignon, tomate, chou, laitue, carotte, betterave, pomme de terre, gombo, concombre, piment, niébé) et la recherche de variétés spécifiques pour les périodes de chaleur caniculaire du Sahel (de mars à juin). Ces spéculations sont très rentables économiquement en périodes de chaleur.

9. Développer les moyens de conservation, transformation et commercialisation

Qu’elles soient destinées à la consommation familiale ou à la vente sur les marchés, les productions maraichères doivent garder un état de fraicheur optimum dans la durée, pour éviter les pertes qui peuvent atteindre 30 à 40 % de la récolte. L’étalement de la consommation dans le temps permet de mieux assurer la sécurité alimentaire, de garantir les revenus de la vente par un meilleur écoulement des produits et de pallier en partie la surproduction.
Le module de formation « Conservation, transformation et commercialisation des produits agricoles » organisé par l’UCD Benso en septembre 2020, présente des « Techniques de stockage, transformation et commercialisation des produits agricoles », qui se veulent « simples, peu onéreuses et accessibles à toutes les couches de la population ».
On peut retenir :
– Des conseils pour effectuer la récolte : préférer le matin ; respecter des délais de maturation ; ne pas blesser le produit…;
– Le choix du lieu de conservation :  propre, frais et aéré ;
– Des techniques de séchage pour certains légumes : oignons, pommes de terre, tomates, carotte, gombo, piment… ;
– Des possibilités de transformation : conserves, confitures, jus…

Des vidéos projetées pendant les formations illustrent ces techniques : 
– Conservation de la tomate :


– Chambre de refroidissement de la tomate :


– Transformer la tomate en concentré et jus :


– Séchage des feuilles de chou :


– Faire des chips de mangue :

10.  Le maraîchage, une activité génératrice de revenus

Lors des formations in situ organisés en 2021, Moussa Sissoko, l’expert formateur du CFP de Nioro-du-Sahel, a valorisé le métier de maraichère, en estimant par une méthode simple et à la portée des maraichères, la valeur monétaire de l’activité maraichère dans chaque localité.
Pour cela on calcule la quantité du produit par le nombre d’unité, de pieds d’une culture ; par le nombre de tas de feuilles, de fruits, de tubercule etc., selon la localité pour une parcelle donnée. Puis, toujours selon les mesures de vente locale, on calcule la valeur monétaire correspondante. 
Un exemple : Pour une planche de laitue de 2,5m de long sur 1,2m de large, avec des écartements de 20cm x 20cm, on a 6 lignes de 13 pieds de Laitue. Ce qui donne 78 pieds de laitue dans une planche. Pour 10 planches on a 780 pieds. Le cycle de vie de laitue ne dépassant pas 1 mois on a 2 340 pieds en 3 mois.
Dans une localité où la laitue est vendue à raison d’1 pied pour 50 FCFA, en 3 mois une maraîchère qui a 10 planches de 2,5m x 1,2m en culture de laitue bien conduite avec 3% de perte peut gagner jusqu’à 2 269 pieds. 
En multipliant ce nombre de pieds par 50 FCFA, le prix d’un pied de laitue de la localité, la maraîchère gagnera 113 450 FCFA en trois mois pour la culture de laitue seulement. 

 

Deuxième atelier d’échange et de mobilisation des coordonnateurs de la coopération décentralisée au mali

Le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France à Bamako a rassemblé les coordonnateurs de la coopération décentralisée au Mali le mercredi 18 septembre à la Maison du Partenariat Angers-Bamako.

Pour la Coordination RésEM Mali, participaient : Aly-Badara SYLLA (coordinateur) et Samba DICKO (chargé d’appui technique).

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Réalisation d’un périmètre de maraîcher de 4 hectares dans la commune rurale de Lakamané, cercle de Diéma, région de Kayes au Mali dans le cadre du programme 19-21 du RésEM

Le périmètre maraîcher de quatre hectares appartenant à la commune par décision du préfet du cercle de Diéma pour le compte de l’association de femmes BENKADY est située en zone sahélienne dans la commune rurale de Lakamané (coordonnées 14° 30’ Nord 9 54’ Ouest/14.5, -9.9) avec une population du chef-lieu évaluée à environ 2 000 habitants. Le groupement de communes de Lakamané avec ses 17 villages et ses 15 000 habitants est situé en zone sahélienne à une distance de 350 kilomètres au Nord de Bamako et à environ 80 kilomètres à l’Ouest de Diéma. Continuer la lecture de Réalisation d’un périmètre de maraîcher de 4 hectares dans la commune rurale de Lakamané, cercle de Diéma, région de Kayes au Mali dans le cadre du programme 19-21 du RésEM

ajukoby – Mission à bamako

Pourquoi cette mission ?

Construire des projets de développement local ou d’action culturelle nécessite d’être toujours au plus proche des lieux de réalisation ou de création pour mieux comprendre, pour mieux appréhender ce que nous allons construire. Rencontrer nos amis de Koréra-Koré au plus près de chez eux pour échanger directement avec les utilisateurs/gestionnaires. Découvrir à Bamako des lieux et des acteurs de la vie culturelle et sociale ancrés dans la vie des quartiers. Rencontrer ceux qui bientôt se produiront au centre culturel Marcel Pagnol, préparer autour de leur venue un projet culturel avec le collège. Pour réussir tout cela, nous avions l’impérieuse nécessité de respirer le Mali, de voir, écouter, entendre, ressentir, échanger. Alors nous sommes partis…

– Ajukoby CR mission juillet 19

Qu’est-ce qu’une Adduction d’eau potable?

1. Qu’est-ce qu’une AEP ?

Une adduction d’eau potable (AEP) est un système de distribution de l’eau potable à travers un réseau de canalisations enterrées pouvant desservir plusieurs robinets publics (bornes fontaines) et branchements privés. Il exploite les eaux souterraines à partir d’un forage équipé d’une pompe alimentée par de l’énergie d’origine thermique, solaire, éolienne ou directement fournie par le réseau électrique.

On considère que les besoins en eau potable que doit satisfaire une AEP sont ceux liés à la consommation humaine, les autres points d’eau servant à l’abreuvement des animaux. En priorité, l’eau potable est utilisée pour la boisson, le lavage et la cuisson des aliments, et ensuite l’hygiène corporelle, le lavage de la vaisselle et du linge.

Glossaire AEP

Voir plus :    ► Les équipements d’une AEP

2. Les énergies de pompage

Depuis les premières installations d’AEP, le mode de pompage (thermique, solaire, mixte solaire-thermique) a évolué avec les progrès des technologies et en fonction des situations  socio-économiques des lieux d’implantation.

 Critères de choix des énergies, JP D’Haenens, 2014

3. Combien coûte une AEP ?

► AEP – Coût estimatif

 

La suite : Les réalisations

 

Film documentaire de l’aap « SOUVERAINETÉ alimentaire » du programme 2016-2018

Dans le cadre du programme 2016-2018, un Appel à Projets (AAP) « Souveraineté Alimentaire » a été lancé dans les cercles de Diéma, Douentza et Nioro-du-Sahel. Quatre coopératives (deux d’élevage et deux de maraîchage) ont été soutenues. Au-delà de l’appui matériel, les groupements soutenus ont bénéficié d’un appui technique complémentaire favorisant une meilleure durabilité des projets.

Un film documentaire retraçant la mise en oeuvre des activités menées dans le cadre de cet AAP a été réalisé. Il est disponible ici.